« Dis moi, ça te dis une semaine en Floride à découvrir les plongées là-bas? ». Et voilà encore une fois une phrase qui me fait démarrer au quart de tour.
Jérôme était invité à l'initiative de Cris et Kevin Jones à faire une intervention lors de la conférence HECC 2010 (Hart Spring Educational Cave Course), organisée à Bell en Floride. L'occasion pour nous d'en profiter pour visiter et toucher du doigt ce qui a fait de cette région du globe un des poumons de la plongée souterraine.
Les conditions climatiques en France ayant particulièrement perturbé les vols depuis la France, Jérôme arrivera avec une journée de retard sur notre plan d'attaque. On verra plus tard que ce genre de programme pour un séjour d'une semaine est tout simplement impossible à tenir.
Le lundi, malgré le décalage de 6 heures, le réveil est matinal tellement l'envie de découvrir est forte. Au programme, montage du recycleur, location des bouteilles et gonflage, préparation du matériel. Il est clair que nous avons beaucoup à faire. Ce sera l'occasion de découvrir un endroit insolite: "Amigo's".
Kevin au gonflage
Insolite car le lieu est ouvert à l'extérieur et on peut y venir jour et nuit. On s'enregistre sur un écran tactile et chacun note ce qu'il prend.
Wayne devant l'écran tactile
Le paiement se fait sur place ou via Paypal. La confiance est l'élément fondateur de ce Dive-shop. Il est même possible de louer un véhicule adapté au transport du matériel. Et les prix pratiqués sont franchement raisonnables.
Notre carosse pour la semaine
Le tenancier, Wayne Kinard, une figure de la plongée souterraine en Floride, est fier de nous montrer sa station de gonflage hors du commun pour nous. Imaginez une armée de B50 reliées en cascade pour les gonflages, avec des rallonges qui vous permet de le faire sans descendre les bi-bouteilles de votre coffre. Un stick nitrox qui puise son oxygène d'une citerne d'oxygène liquide!!!
La station avec la citerne d'oxygène liquide
Une sacrée cascade de tampons
Un mélangeur qui vous sert le trimix le plus précis qu'il soit. Des boosters d'oxygène pour gonfler les précieuses réserves pour les recycleurs. A cela ajoutez un arsenal de pièces détachées, de harnais « side-mount », des bouteilles à la location, des publications, des revues, des t-shirts... Bref la caverne d'Ali-Baba là au milieu de la campagne de Fort-White...
Le plus impressionnant c'est que des stations de gonflage comme ça on va en voir plus d'une, c'est dire l'énorme développement de la plongée dans cette région ainsi que l'avancée et la démocratisation de cette activité, aux antipodes de ce qui nous rebute chez nous, à savoir vivre de la plongée et des formations. Mais là c'est un autre débat. En tout cas, c'est un premier élément qui nous montre la fascination et le respect profond qui anime cette communauté de « cave-divers », qui les amène parfois à agir pour entretenir et réparer certains actes.
Mais voilà, il est temps pour nous de prendre la route vers Jacksonville pour récupérer Jérôme à l'aéroport, l'occasion pour moi de profiter du paysage semblable aux Landes avec ces forêts de pins et ces longues lignes droites, mais avec ce sous-sol truffé de trésors...
Mardi enfin, première plongée pour moi (mon ami Jérôme est malheureusement victime une fois de plus de ses sinus). Nous prenons la direction de Peacock, un lieu très fréquenté des plongeurs, dans un parc National. Cette grotte fut explorée par Vasco Murray en 1956 et Sheck Exley assisté de son équipe en dressa les plans en 1995 à l'aide de 521 plongées.
Jérôme devant le panneau d'entrée
Pour beaucoup, cette galerie, ou plutôt complexe de galeries devrai-je dire, est un véritable sanctuaire. L'ambiance y est au recueillement. Justement, nous irons avec Kevin jusqu'à la salle baptisée la Crypte, c'est dire.
Premier constat en arrivant sur les lieux, il faut payer... A l'entrée nous trouvons une boite aux lettres avec un présentoir. Nous devons déposer dans une enveloppe le montant correspondant aux plongeurs présents, puis mettre en évidence derrière la vitre du véhicule les documents justificatifs et le coupon numéroté correspondant à l'enveloppe. Étrange...
Le guichet d'entrée
Le parking est super équipé. Des bancs surélevés permettent de déposer à la bonne auteur l'équipement, une passerelle en bois évite le creusement d'un chemin et la dégradation des berges. Même des poubelles spéciales pour la chaux sont prévues.
Un bel exemple de prévention
Le contact de la main avec l'eau et sans appel: c'est chaud! Pas moins de 21°C, contrastant avec les seuls 8°C extérieur ce jour là. Autour de nous se mêlent plongeurs « hogartiens » et « side-mount » pour le circuit ouvert, mais aussi une collection de recycleurs parmi lesquels le KISS semble être le plus présent, mais aussi Sentinel, Meg' et autres rEvo. L'Ouroboros paraît bien étranger dans le secteur...
La vasque
Mais, il est temps de goûter à la plongée « locale ». Nous partons à la palme pour une grande promenade. Le fil principal ici appelé Gold-Line (jaune) n'est présent qu'à partir de l'entrée dans le domaine souterrain, c'est à dire dès que le jour disparaît, là où les désormais célèbres pancartes de la NSS-CDS nous appellent à la vigilance.
Maintenant à vous de voir
Il faut donc placer sa propre ligne principale dans la vasque. Mais alors, pourquoi emmener tous ces spools??? Je ne vais pas tarder à le savoir. En fait sur la Gold-Line, il n'existe aucune connexion en T ou Y. Pour partir sur une autre branche, deux flèches sont posées l'une après l'autre et là il faut poser une Jump-Line et retrouver alors la ligne secondaire (blanche). Intéressant...
Je suis donc mon guide face au courant. Je m'apercevrai lors des prochaines plongées qu'en fait ici ce n'est rien. L'eau est cristalline, la visibilité impressionnante. La roche est sombre un peu à la manière de Font Estramar, à la différence que nous avons des nuances de bruns, de gris et d'ocres...
Clareté malgré des phares 10W HID
Le sol alterne entre du sable, de l'argile, de la roche et des pierres roulées. Les locataires des lieux sont étonnants, une sorte d'écrevisse albinos de petite taille et translucide. A les regarder de près, on jurerai de petits scorpions blancs, très étonnant.
Arrive un passage étroit, le contact avec la roche est alors plus intime. C'est là que je me rend compte de l'aspect rugueux et abrasif de celle-ci. Ca frotte, mais ma configuration de bailouts en sidemount me facilite la tâche. Appuis avec les talons et hop, nous somme dans cette fameuse salle. Là surprise, des plongeurs se sont amusés à déposer des petites figurines dans des recoins sur des fils. Ici un petit squelette, là une grenouille,... Un casque de pompier surplombe la salle... Une pensée...
Sur le retour, du fait du passage étroit, je m'aperçois d'une entrée d'eau minime dans la boucle, je vais gérer cela en nageant le tronc légèrement relevé en gardant une pression positive à l'intérieur du recycleur. En fait c'est un serrage d'un tuyau qui a bougé légèrement du côté du poumon inspiratoire qui a provoqué ça. L'occasion pour moi de me rendre compte de l'intérêt du filtre radial et de ma gestion calme et lucide de la situation.
Nous sommes à une heure de la sortie, tout va bien. Le temps d'apprécier ce dédale de couloirs, cet environnement particulier. Nous récupérons les Jump-Lines. Enfin, au bout de la Gold, nous devinons le jour.
Sur la gauche, nous trouvons des restes d'un squelette animal, sans doute tombé de la cheminée qui nous surplombe.
Petit stop à 6m, le temps de faire un petit tour dans une galerie annexe. Nous remontons dans la vasque, le sourire aux lèvres...La sortie et les lignes des primaires
Le temps de réaliser ce voyage, nous devons remballer, le parc fermant à 17 heures 30...
Nous retrouvons Jérôme qui en a profité pour visiter les alentours.
En chemin, Kevin nous fera visiter tous les sites du secteur. Le paradis pour nombre d'entre nous. Des Dive-shops plus étonnants les uns que les autres nous annoncent la présence de nombreux spots...
Les Springs il y en a pour tout les goûts. De l'étroit où tu passes les blocs devant, du large, du calme, du courant violent, de la visibilité plus ou moins présente...
Les marques des différentes crues.
De quoi réellement s'occuper pendant des années et à en voir comment Kevin nous en parle les yeux pétillants, ça promet.
Devil Ear à Ginnie Spring
Vivement demain...
Suivez le guide!
Un tableau de gonflage digne de ce nom...